HISTOIRE DE LA VILLE DE KHOMBOLE

Khombole est une commune sénégalaise située dans la région de Thiès, plus précisément dans le département de Thiès. Ville historique, elle est profondément ancrée dans les dynamiques politiques, sociales, religieuses et économiques de la région du Cayor, ancien royaume wolof.

Origines et fondation

Khombole s’est développée à partir de campements et villages traditionnels sous l'autorité de chefs coutumiers. Son évolution est marquée par sa situation géographique stratégique, entre Thiès et Bambey, ce qui en fait un carrefour important dans les routes commerciales précoloniales

Période coloniale

Avec l'arrivée des Français au XIXe siècle, Khombole devient un point d'intérêt pour l'administration coloniale. Elle est érigée en commune mixte le 25 septembre 1925. Ce statut, instauré par l'administration coloniale française, conférait à certaines localités une administration municipale dirigée par un administrateur nommé, assisté d'une commission municipale. La ville est intégrée dans le réseau ferroviaire grâce à la ligne Dakar-Niger, ce qui stimule son développement économique et démographique. Les colons y établissent un poste administratif, des écoles, et favorisent l’urbanisation progressive de la localité. Khombole devient également un foyer actif de résistance culturelle et religieuse. Des figures maraboutiques importantes y émergent, jouant un rôle central dans la diffusion de l'islam et dans l'organisation sociale locale. L’islam confrérique (notamment les Tijanes et les Mourides) y a profondément marqué la vie communautaire.

Période post-indépendance

Après l'indépendance du Sénégal en 1960, Khombole est érigée en commune de plein exercice. Ce statut est consolidé par la loi n° 66-64 du 30 juin 1966, qui établit le Code de l'administration communale. Cette loi renforce l’autonomie des communes en leur conférant la personnalité morale, l’autonomie financière, et des conseils municipaux élus. Le développement des infrastructures (routes, école, poste de santé) s’intensifie, bien que la ville soit restée relativement en retrait par rapport aux grands pôles comme Thiès ou Mbour. L’économie reste dominée par l’agriculture (arachide, mil, maïs), l’élevage, et de plus en plus par l’artisanat et les petits commerces. Khombole joue également un rôle de relais entre les zones rurales environnantes et les marchés urbains.

Patrimoine et culture

Khombole est riche de traditions orales, de pratiques religieuses vivantes et d'une culture de solidarité communautaire. Des événements religieux et culturels comme les gamous, magals, et ndëpp (cérémonies traditionnelles) rythment la vie sociale. La ville compte également des figures importantes dans la politique, la religion et l’enseignement, qui ont contribué à son rayonnement régional.

Khombole aujourd’hui

Aujourd’hui, Khombole continue de croître, portée par sa jeunesse dynamique et sa diaspora qui investit dans des projets locaux. Les défis restent nombreux : chômage des jeunes, accès à l’eau, assainissement, mais des initiatives communautaires, associatives et municipales cherchent à y répondre. La ville s’inscrit désormais dans une dynamique de développement territorial, avec des projets liés à la décentralisation et à la modernisation des services publics.

MAMADOU DIA

Mamadou Dia est né le 18 juillet 1910 dans cette ville de Khombole, alors modeste localité du Baol, aujourd’hui riche de cent ans d’histoires, de luttes et d’espoirs. Il est l’enfant du terroir, celui qui a grandi dans les ruelles sablonneuses du quartier, entre les mosquées, les champs, et les palabres des anciens. Son enfance a été bercée par les valeurs de la communauté khomboloise : discipline, droiture, respect des aînés, travail, et sens de l’honneur. Ces valeurs, il les portera en lui toute sa vie, jusqu’au sommet de l’État.

L’héritage de Khombole ne fut pas qu’ethnique ou affectif pour Mamadou Dia , il fut philosophique et éthique. C’est ici qu’il apprend l’équilibre entre foi et raison, entre tradition et modernité, entre collectivité et responsabilité individuelle. Ce socle culturel solide, Mamadou Dia le transporte avec lui d’abord à l’école William Ponty, puis au cœur du combat politique et enfin à la tête du gouvernement sénégalais.

Même devenu Premier ministre du Sénégal indépendant, il n’oubliera jamais Khombole. À travers ses discours, ses politiques et ses livres, il porte la voix de la terre qui l’a vu naître. Il incarne un idéal de dirigeant enraciné dans son peuple, et non déconnecté de ses réalités.

Ce que Mamadou Dia a toujours porté, c’est une culture du devoir, de la rigueur morale, et de la probité, héritée directement du mode de vie khombolois. Il n’était pas un politicien en quête de gloire ; c’était un homme de principe, parfois intransigeant, mais toujours habité par la conviction que le pouvoir doit servir, non dominer.

Khombole peut s’enorgueillir d’avoir donné au Sénégal l’un de ses plus grands penseurs politiques. Et même s’il a été mis à l’écart par l’histoire officielle pendant un temps, le peuple n’a jamais oublié. Sa mémoire est restée vive, transmise oralement dans les familles, respectée dans les mosquées, célébrée dans les écoles.

En cette année du centenaire de la ville de Khombole, il est impératif de célébrer Mamadou Dia, non seulement comme un homme d’État, mais comme le fils du sol qui a porté les espoirs d’un peuple. Son combat pour un Sénégal souverain, juste et solidaire est aussi un hommage permanent à la dignité de Khombole.